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Builder AI - La "plus grande escroquerie de l'IA" ? Derrière l'algorithme, 700 ingénieurs humains

· 5 minutes de lecture
Joseph HE
Ingénieur Logiciel

Dans l'univers des startups tech est souvent fait de promesses grandioses, mais parfois, la réalité est bien plus terre à terre, voire choquante. L'affaire Builder AI en est un exemple frappant. Cette startup de développement "no-code", qui avait réussi à lever des centaines de millions de dollars et à s'attirer le soutien de géants comme Microsoft, a récemment fait la une pour de bien mauvaises raisons. La révélation ? Sa plateforme phare, censée être révolutionnaire et alimentée par une IA nommée Natasha, était en fait... un travail manuel réalisé par 700 ingénieurs humains basés en Inde.

C'est une histoire qui soulève de sérieuses questions sur l'exagération des capacités de l'IA dans l'écosystème des startups, les pratiques financières douteuses et la ligne de plus en plus floue entre l'automatisation assistée par l'homme et la véritable intelligence artificielle.

L'escroquerie au cœur de Builder AI : Natasha, l'IA qui n'en était pas une

L'idée centrale de l'affaire est simple : Builder AI a commercialisé un produit en le présentant comme une merveille d'intelligence artificielle, alors qu'en coulisses, les demandes des clients étaient traitées par une armée d'humains. La source va jusqu'à qualifier cela de "biggest scam in the history of AI".

La promesse ? Une plateforme capable d'assembler des applications logicielles "comme des briques Lego" grâce à un assistant IA appelé Natasha. La réalité ? "Natasha neural network turned out to be 700 Indian programmers." Chaque requête client était envoyée à un bureau en Inde, où ces 700 ingénieurs écrivaient le code à la main. C'est "absolutely incredible," comme le souligne l'auteur.

Quand le travail humain se déguise en IA : Un schéma récurrent ?

Ce n'est malheureusement pas un cas isolé. La source souligne que cette pratique de masquer un travail humain bon marché derrière un vernis d'IA n'est pas nouvelle. On a vu des entreprises prétendre à l'IA alors qu'elles s'appuyaient sur "a group of Indians that they hire on the back end and they call it and they call it AI".

Cela ouvre même une réflexion sur la complexité : ces ingénieurs indiens utilisaient-ils eux-mêmes des outils d'IA pour "prompter" et maintenir le rythme ? La frontière entre "AI-powered" et "human-assisted by AI" devient dangereusement poreuse.

La qualité sacrifiée sur l'autel de la tromperie

Malgré l'utilisation de 700 ingénieurs, les résultats étaient loin d'être à la hauteur. Les produits livrés étaient "buggy, dysfunctional and difficult to maintain". Le code était décrit comme "unreadable" et les fonctions "did not work". Une ironie mordante quand on prétend délivrer de l'innovation par l'IA. "Nice okay everything was real artificial intelligence except the uh except that none of it was," commente la source avec sarcasme.

La chute financière : 445 millions de dollars envolés

Grâce à cette supercherie, Builder AI a réussi à attirer 445 millions de dollars d'investissements sur huit ans, avec des noms prestigieux comme Microsoft à son tableau d'honneur. Mais le château de cartes n'a pas résisté. La chute a été brutale : un défaut de paiement envers le créancier Viola Credit, qui a saisi 37 millions de dollars des comptes de l'entreprise, a paralysé ses opérations. Des fonds supplémentaires en Inde sont restés bloqués par des restrictions réglementaires.

Après l'exposition de la tromperie, la startup a officiellement fait faillite. C'est une fin "absolutely ridiculous" pour une entreprise qui se voulait à la pointe de la technologie.

L' "Endgame" des escroqueries de l'IA : Le "Fake it till you make it" poussé à l'extrême ?

Pourquoi une telle entreprise ? Qu'est-ce qui motive des fondateurs à s'engager dans une telle voie ? Est-ce simplement pour "ride the hype" de l'IA et "embezzle money" ? La source s'interroge sur l'intention.

Une hypothèse est qu'il s'agissait initialement d'un produit différent qui a muté. Les fondateurs auraient pu croire qu'ils pourraient utiliser les développeurs comme une solution temporaire ("stop gap") en attendant de développer une véritable IA, mais qu'ils ont échoué à atteindre cet objectif. C'est le "fake it till you make it" poussé à son paroxysme, avec des conséquences désastreuses.

L'IA doit "multiplier les rôles", pas les "remplacer"

L'auteur de la source exprime un profond scepticisme envers les entreprises d'IA qui se vantent de pouvoir "remplacer tous les ingénieurs". Il suggère qu'une approche plus saine et plus réaliste pour l'IA est de construire des outils qui "multiplient les rôles" des ingénieurs, en les rendant plus efficaces ou en simplifiant leur travail, plutôt que de chercher à les éliminer.

Les systèmes "fully working independent AI sucks," conclut-il, arguant que nous devrions avoir compris après "3 years" que l'IA autonome totale est moins efficace que l'IA qui assiste les humains.

Une connexion avec Versailles Innovations

Au milieu de cette débâcle, le nom de Versailles Innovations a fait surface en raison de son association commerciale avec Builder AI à partir de 2021. La co-fondatrice de Versailles, qui était aussi l'ancienne directrice générale de Facebook en Inde, a nié toute faute financière ou irrégularité dans les transactions avec Builder AI, qualifiant les allégations d' "absolutely baseless and false".

L'affaire Builder AI est un rappel brutal des dangers du "vaporware" et de la "hype" excessive autour de l'IA, surtout lorsque des sommes colossales sont en jeu. Elle souligne que le remplacement complet du travail humain par l'IA est encore un fantasme, et que les outils d'IA les plus prometteurs sont ceux qui augmentent les capacités humaines, plutôt que ceux qui prétendent les anéantir en secret. C'est une leçon coûteuse pour les investisseurs et une mise en garde pour le secteur technologique tout entier.